Saviez-vous que ?
LES DESSOUS DE L’EXPOSITION
À l’origine du projet, 30 photographies ont été commandées à Yves Beaulieu, Oliver Hanigan et Marie-Reine Mattera, des photographes professionnels reconnus dans leur domaine. Leur seule consigne était de respecter l’essence de l’exposition célébrant la diversité culturelle : Montre-moi ce que tu vois de l’autre que je ne vois pas. Encouragés à maintenir leur style et leur vocabulaire propre, ne pas tomber dans le cliché représentait leur défi le plus important.
Yves Beaulieu a choisi de s’infiltrer à l’intérieur des activités quotidiennes des gens. Cette approche a exigé de longues heures d’observation avec ses sujets… avant qu’ils ne révèlent une part de leur intimité. Il a recommencé ses séances photos jusqu’à ce qu’il obtienne l’émotion recherchée. Pour
ce photographe, une photo réussie doit se révéler clairement à l’auditoire. Elle ne doit pas être retouchée, ni coupée, ce qui ajoute à la complexité de son travail.
Olivier Hanigan a impliqué plusieurs personnes de son entourage qui se sont amicalement prêtées au jeu pour réaliser sa série de portraits, à l’exception de Raphaël qu’il ne connaissait pas. Le photographe l’a poursuivi jusqu’à l’intérieur de la synagogue. Son approche journalistique impose une prise de vue rapide, aussi spontanée qu’un éclat de rire qui surgit.
Marie-Reine Mattera a invité son partenaire photographe, Emmanuel Joly à se joindre à elle pour réaliser ce projet. Le duo a d’abord opéré séparément pour trouver chacun son angle de vue. Les deux artistes ont ensuite juxtaposé leurs images/sujets qu’ils ont traitées et manipulées pendant
de nombreuses heures en retouches, recadrages et effets spéciaux.
Gilbert Duclos, photographe de rue reconnu, s’est joint au collectif en 2008. Les 11 oeuvres faisant partie de l’exposition proviennent de ses archives personnelles. Il a donné carte blanche à la commissaire pour les rééditer dans l’esprit du projet.
Le dispositif d’exposition favorise les jeux de points de vue et de perspectives visant à stimuler les regards pluriels tout au long du parcours des visiteurs, suggérant ainsi, le déploiement d’une arborescence de cette diversité culturelle universelle, un certain rythme au parcours, propice à la réflexion, au recueillement, aux échanges.
Les miroirs jouent un rôle fondamental au coeur de l’exposition. Dès que le visiteur y voit son reflet, du coup il fait partie intégrante de cette diversité culturelle.
Certes, on ne peut s’attarder à établir une relation avec toutes les personnes que l’on croise ou qui nous entourent, mais il reste que l’image demeure un moyen rapide et efficace de nous sensibiliser à une problématique ou à un enjeu important concernant la diversité culturelle. D’autres peuvent réagir et s’exprimer directement, par exemple, ces graffiteurs qui ont laissé leur marque sur quelques-uns des supports photographiques présentés dans le parc des Amériques. Bien que plusieurs personnes aient été déçues, on peut convenir que dans l’esprit de ce projet d’exposition,
cela fasse partie également de la diversité. À la suite de cet évènement, la 2ième bannière descriptive du projet a été réalisée pour soutenir ce principe.
L’esprit de Finbar O’Reilly, lauréat de la meilleure photo du World Press Photo 2005, fondant l’espoir que les images de presse encouragent les gens à lire à propos des sujets illustrés, a inspiré le projet des cinq courts documentaires de l’exposition. L’idée de faire lire des extraits d’articles de journaux, un peu comme on le fait dans l’intimité, entre amis ou collègues lorsqu’on a envie de partager un point de vue, d’en discuter ou d’en débattre, est apparue signifiant pour illustrer une autre manière de voir la diversité culturelle.
Jean-Guy Moreau a participé au projet pilote de la série de courts métrages.
Roger Sinha s’est dévoilé de façon surprenante pendant le tournage en nous apprenant qu’il s’est fait battre en raison de sa couleur de peau lorsqu’il a immigré au Canada. Cette expérience a d’ailleurs teinté son oeuvre chorégraphique dès le début de la fondation de sa compagnie, Sinha Danse.
Durant son séjour en Andalousie, Alexandre Da Costa a été sensibilisé à la réalité des cayucos3, ainsi qu’au sort réservé à ces personnes arrivant sur ces embarcations. Préoccupé par cette forme de ségrégation, il établit une analogie inattendue pendant le tournage, en nous révélant l’existence d’un grand-père maternel d’origine jamaïcaine ayant vécu le racisme.
En plus de choisir de lire plusieurs extraits tirés d’un dossier portant sur la culture Brown « États-Unis : la fin de la société blanche », Tania Kontoyanni a réussi à faire converger de nombreuses références d’auteurs sur la représentation de la diversité culturelle. Elle s’est investie dans ce projet avec une approche très personnelle pour approfondir ses recherches et sa réflexion.
Il est intéressant de voir comment Maria Mourani juxtapose le poème de Marco Micone publié en 1989, « Speak What », à son choix de lecture « Fils et fille de Radisson4 ». Dans son texte, l’écrivain et dramaturge Italo-Québécois fait une « réutilisation » du fameux poème de Michèle Lalonde
publié en 1968, « Speak White », pour faire l’analogie entre l’oppression que les francophones ont subie de la part des anglophones du Canada et le manque d’ouverture de cette même société québécoise face aux immigrants allophones. Speak White (en français : « Parlez blanc »), est une injure qui était proférée aux Canadiens français par les Canadiens anglais lorsqu’ils parlaient français en public. Cette expression péjorative n’est plus utilisée de nos jours.
Les cinq courts documentaires intégrés à la scénographie, ont trouvé leur propre voie grâce à l’Office national du film du Canada qui en a fait l’acquisition. Ainsi, le DVD, est vendu sur le marché institutionnel canadien de l’ONF, accompagné d’un guide pédagogique, téléchargeable gratuitement.
Visionner.